Message Patriarcal pour la nouvelle année écclésiastique (2023)
No de protocole 496
† BARTHOLOMAIOS
PAR LA GRÂCE DE DIEU ARCHEVÊQUE DE CONSTANTINOPLE,
NOUVELLE ROME, ET PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE
QUE LA GRÂCE, LA PAIX ET LA MISÉRICORDE
DE NOTRE SEIGNEUR, DIEU ET SAUVEUR JÉSUS CHRIST,
AUTEUR DE TOUTE LA CRÉATION,
SOIENT AVEC LE PLÉRÔME DE L’ÉGLISE
* * *
Très vénérables frères hiérarques et enfants bien-aimés dans le Seigneur,
Par la grâce du chef et consommateur de notre foi, nous entrons aujourd’hui dans la nouvelle année ecclésiastique et nous fêtons par des hymnes et des chants, pour la trente-cinquième fois, la Journée de protection de l’environnement naturel.
Nous nous réjouissons du retentissement des initiatives écologiques du Patriarcat Œcuménique non seulement sur le monde chrétien, mais aussi sur d’autres religions, sur des parlements et des politiques, sur la société civile, la science, les mouvements écologiques et la jeunesse. Quoi qu’il en soit, en tant que problème mondial, la crise écologique ne saurait être résolue que par une sensibilisation et mobilisation mondiale.
Nous exprimons aussi notre satisfaction, du fait que l’on a définitivement réalisé que les problèmes écologiques sont directement liés aux problèmes sociaux, notamment que la destruction de l’environnement naturel affecte principalement les plus démunis. La combinaison d’actions environnementales et sociales constitue un espoir pour l’avenir, puisque c’est le seul moyen d’assurer un progrès et développement durable, lorsque nous veillons en même temps à l’intégrité de la création, ainsi qu’à la protection de la dignité et des droits humains.
Le fait qu’on souligne aujourd’hui la nécessité d’un «élargissement écologique» des droits de l’homme est significatif. On parle même, outre les droits individuels et politiques, sociaux et culturels et ceux de solidarité, d’une «quatrième génération» de droits, qui se réfère à la garantie de leurs présupposés environnementaux. La lutte pour les droits de l’homme ne saurait ignorer le fait que ceux-ci sont menacés par le changement climatique, par la pénurie d’eau potable, de sols fertiles et l’absence d’une atmosphère propre, et plus généralement par la «dégradation de l’environnement». Les retombées de la crise écologique doivent avant tout être traitées au niveau des droits humains. Il va de soi que, dans tous leurs aspects et dimensions, ces droits constituent une unité infrangible et que leur protection est insécable.
Dans ce contexte s’inscrit aussi la façon d’envisager les maux que l’agression de la Russie contre l’Ukraine a causés et qui sont associés à de terribles catastrophes écologiques. Toute action belliqueuse est une guerre contre la création ; c’est une sérieuse menace pesant sur l’environnement naturel. La pollution de l’atmosphère, de l’eau et du sol causée par les bombardements, le risque d’un holocauste nucléaire, l’émission de radiations dangereuses par les centrales nucléaires, la poussière cancérigène des bâtiments bombardés, la destruction des forêts et la désaffectation de terres arables, tout cela témoigne que le peuple et l’écosystème de l’Ukraine ont subi et continuent de subir des pertes incalculables. Nous répétons haut et fort : Que cesse immédiatement la guerre et que commence le dialogue sincère !
Face à tous ces défis, le sainte Grande Église du Christ poursuit sa lutte pour l’intégrité de la création, sachant pertinemment que son souci pour l’environnement naturel n’est pas une action supplémentaire dans sa vie, mais elle en est la manifestation et la réalisation essentielle, en tant que prolongement de la divine Eucharistie dans toutes les formes et dimensions de son bon témoignage dans le monde. C’est le legs inestimable de l’initiateur de la théologie écologique, le regretté métropolite Jean de Pergame. Lui rendant hommage pour sa grande contribution, nous concluons le présent Message patriarcal pour la fête de l’Indiction, en citant ses propos sur la divine Eucharistie en tant que réponse holistique aux problèmes écologiques contemporains : «Dans la divine liturgie, le monde naturel et matériel, et tous les sens participent à une unité infrangible. Il n’y a pas d’opposition entre réalité subjective et objective, il n’y a pas l’attitude conquérante de la raison humaine face au monde qui l’entoure. Le monde ne gît pas en face ; ce n’est pas un objet de l’humain, mais il est reçu et partagé. La sainte communion est non seulement notre union à Dieu et aux autres, mais aussi nourriture, acceptation et appréciation de notre environnement naturel, incorporation de la matière et non utilisation de la matière. Le sacré accompagnant cette attitude, la vibration divine imprégnant cette relation, est l’antithèse de la technologie et la réponse à notre problème écologique. La divine Eucharistie est pour cette raison ce que l’Orthodoxie a de mieux à offrir au monde contemporain».
Ayez une année ecclésiastique bénie, frères et enfants dans le Seigneur !
1er septembre 2023
† Bartholomaios de Constantinople
priant pour vous Dieu avec ferveur