Fête du saint Apôtre André, le premier appelé
Que signifie suivre le Christ comme nous l’avons entendu dans l’Épître et l’Évangile? Pour le suivre, il faut être convaincu de ce dont les premiers disciples ont été convaincus et du martyre qu’ils ont accepté (martyr signifie témoin en grec), de la chose exceptionnelle dont ils ont témoigné: à savoir qu’il faut d’abord et avant tout voir Dieu dans le Christ. C’est-à-dire un Dieu qui s’est fait Homme dans une Personne, en la personne de Jésus-Christ. Et c’est un grand mystère qui a un impact énorme sur l’actualité mondiale de l’époque. Le monde de l’époque ne reconnaissait pas l’homme comme une entité personnelle dans la perspective d’une relation avec un Dieu personnel. Plus tard, la figure du Christ a permis de comprendre ce que signifie dans le récit de la Genèse, le fait d’être créé à l’image de Dieu.
Quel est ce mystère de la vision de Dieu dans le Christ? C’est le mystère, qui sera révélé à Noël dans quelques semaines, et qui consiste à rendre accessible ce qui était inaccessible à l’homme dans le monde de la pensée classique ainsi que dans les cultures et religions perses et babyloniennes. Cela devient actuel avec Noël. Noël est le début de la sanctification de l’homme et du monde, Noël est l’occasion pour l’homme de travailler à son élévation, à sa transfiguration, à son ascension vers le Royaume. Cette sanctification de l’homme, commencée avec le Christ et dans le Christ, connaît, au-delà de la fête de la résurrection au printemps 2025, son achèvement dans le Mystère de la Pentecôte.
Ce qui est si important pour les chrétiens, c’est que tout cela a déjà été révélé, mais n’a pas encore été accompli jusqu’au bout. Cette Révélation commence avec la Création. C’est dans la Création que nous reconnaissons l’artiste et dans le logos de la fleur, de la pierre, de l’eau, de l’oiseau, de l’animal, qui est dans chacun de ces éléments créés, nous reconnaissons Dieu et le contemplons dans sa Création. C’est la première grande révélation. Saint Ephrem le Syrien dit au quatrième siècle, que la Création est la chambre nuptiale entre Dieu et l’homme. Le Créateur a créé la Création à partir de rien pour l’homme qui dit: « Je vais à ma guise. Je n’obéis plus. Je peux tout faire tout seul », non pas pour le plonger dans la damnation ou la mort éternelle, mais pour lui donner l’occasion de reprendre le dialogue avec Dieu, un dialogue qu’il avait interrompu au paradis avec son argument: “Toi qui m’as donné cette femme”. C’est un élément très important: la création est la chambre nuptiale, le lieu de rencontre entre Dieu et l’homme.
Mais cela s’est avéré insuffisant pour suivre le Christ et voir Dieu. Ainsi, après le premier livre de la Création, un deuxième livre nous parvient, le livre de l’Ancien Testament, qui nous donne des images pour le suivre, que nous appelons aujourd’hui préfiguration. Mais ce livre ne suffit pas. C’est alors qu’arrive un troisième livre, le Nouveau Testament. Le Nouveau Testament est un homme, un homme Jésus-Christ, qui est la synthèse de toute la recherche de l’homme avec ses questions ontologiques; des questions qui appartiennent à l’essence même de l’histoire humaine. Qu’est-ce que je fais ici sur terre? Pourquoi suis-je venu sur terre et pas quelqu’un d’autre? Quel est le but et le sens de la souffrance, du mal et de la mort? C’est ainsi qu’une troisième histoire entre en scène, celle de Jésus-Christ. Il est la synthèse des recherches passées de l’humanité. Que dit-Il et que révèle-t-Il ? La synthèse de la vérité se trouve dans l’homme. Cela élève l’homme à une vérité contre laquelle il n’y a rien à opposer.
Nous accédons ainsi à cette relation personnelle et, en suivant le Christ, nous connaissons non seulement le monde, mais aussi notre prochain, les Samaritains, qui sont pris comme une image. Pour entrer dans l’histoire de « suivre le Christ », nous devons faire comme toutes ces personnes, citées dans l’Epître et l’Evangile: faire preuve d’humilité, laisser tout derrière nous, comme les idées préconçues, les théories et tout ce qui nous rend fort en tant qu’ego, en tant qu’individu: laisser tout derrière nous et repartir de zéro comme l’enfant qui se tient devant son père et adopte tout de ce père.
L’humilité est le premier élément, le second est l’amour du Christ. Le suivre à l’extrême, comme nous le prions dans un des psaumes de la Liturgie des dons présanctifiés: «Bien que je sois seul, je poursuis Ta voie». Il n’y a pas d’autre chemin pour nous, il n’y a qu’un seul chemin. C’est pourquoi les premiers chrétiens ont été appelés radicaux, car ils n’avaient qu’une seule limite: le Ciel.
Les Pères ajouteront dans les siècles suivants, que l’humilité et l’amour ne sont pas des attributs que nous acquérons d’une manière ou d’une autre, mais qu’ils sont un don surnaturel. C’est pourquoi nous devons marcher dans l’humilité en toute humilité, comme le dit si joliment saint Isaac le Syrien. ‘L’humilité est un vêtement surnaturel’, essayons de se revêtir d’humilité en toute humilité afin de reconnaître le Christ humble, qui s’est dépouillé de sa divinité pour devenir humain, de Le reconnaître comme un être humain et de voir en Lui plus qu’un être humain biologique mortel, afin d’être capable de le suivre.
Père Dominique, 30 novembre 2024