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interview

UN ENTRETIEN AVEC LE PERE PANAGIOTIS MOSCHONAS (LUXEMBOURG) A L’OCCASION DE LA SEMAINE DE PRIERE POUR L’UNITE DES CHRETIENS

Depuis le 18 et jusqu’au 25 janvier a lieu la semaine de la prière de l’unité des chrétiens et un office se tiendra ce dimanche à l’église de la Trinité auquel le P. Panagiotis Moschonas, vicaire de l’Eglise orthodoxe au Luxembourg, participera.
C’est à ce sujet que nous nous sommes entretenus avec lui.

Quel rôle joue l’œcuménisme pour vous?

Le mouvement œcuménique représente surtout un chemin et un espoir. L’espoir que tous les chrétiens puissent un jour se retrouver autour d’une même foi et d’un même calice. La division actuelle est douloureuse et elle nous enjoint à multiplier les efforts pour arriver à l’unité dans la foi. Selon les orthodoxes, celle-ci ne peut se réaliser qu’en tant que fruit de l’action du Saint-Esprit.

Le Grand Concile en Crète a réaffirmé la volonté de l’Église orthodoxe de poursuivre le dialogue avec les autres Églises chrétiennes en continuant sur le chemin d’œcuménisme. Ici, à Luxembourg, les différentes Églises ont une bonne collaboration entre elles, sur tout dans le cadre du Conseil des Églises. Lors de la fête nationale nous avons aussi l’occasion de participer ensemble au Te Deum qui a lieu à la cathédrale de Luxembourg.

Quels sont les liens communs, les différences et divergences entre les Eglises orthodoxes entre elles?

Il y a 14 Patriarcats et Églises autocéphales qui forment l’Église orthodoxe, partageant la même foi, les mêmes sacrements, la même doctrine. L’Église orthodoxe, dans son ensemble, accepte les décisions des sept premiers conciles œcuméniques. Chaque Église locale est dirigée par un synode d’évêques ayant à sa tête un primat. Tous les primats orthodoxes sont égaux entre eux, bien qu’il y ait une primauté d’honneur qui revient au Patriarche Œcuménique de Constantinople, actuellement Bartholomée 1er.

Son rôle est celui de gardien d’unité de la foi et de coordinateur. L’année dernière a eu lieu en Crète le Saint et Grand Concile de l’orthodoxie, une première depuis près de douze siècles. Les 10 des 14 Patriarcats ou Églises autocéphales orthodoxes y ont participé. Les patriarcats d’Antioche, de Bulgarie, de Géorgie et de Russie ont décidé, au dernier moment, de ne pas y assister.

Néanmoins tous, même les patriarcats absents, ont déclaré que ce Concile a représenté un grand évènement pour l’Orthodoxie et un premier pas pour la convocation d’un autre Concile où toutes les Églises orthodoxes seraient présentes. Les divergences entre les Églises orthodoxes sont plutôt d’ordre linguistique et culturel. Parfois, des ingérences politiques posent problème. L’Église orthodoxe a condamné le phylétisme. Le principe de juridiction d’une Église orthodoxe locale repose sur une base territoriale et non une appartenance nationale.

Que signifie pour vous et votre Église le 500e anniversaire de la Réforme protestante?

L’affichage des 95 thèses de Luther en 1517 constitue un moment crucial dans l’histoire du christianisme et cet anniversaire est une occasion de mieux connaitre la vie et la pensée de ce grand réformateur. Avec Luther, il y a eu un réveil des consciences chrétiennes encourageant tous les chrétiens à mieux apprécier la lecture de la Bible ou à repenser la place que la Grâce divine occupe dans l’histoire du salut. Le dialogue théologique de l’Église orthodoxe avec les Églises issues de la Réforme continue.

Quelle est, selon vous, la priorité pour arriver à l’unité?

Nous réconcilier. D’ailleurs, cette année, c’est bien le thème de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens: «nous réconcilier, l’amour du Christ nous y presse». Pour que l’unité soit authentique, il faut que nous agissions ensemble dans l’humilité et dans la charité. Nous devons reconnaitre nos fautes et nos manquements historiques et dépasser nos égoïsmes.

Il nous faut également soutenir le dialogue entre les Églises et les rencontres comme celle qui a eu lieu entre le Patriarche Bartholomée de Constantinople et le pape François en Terre sainte. Feu le patriarche œcuménique Athénagoras 1er disait que le combat le plus difficile, c’est le combat contre soi-même. Le problème est que chacun croit détenir la vérité. Cependant, nous devons essayer de redécouvrir cette vérité que nous avons su partager pendant les dix premiers siècles de notre ère!


Source: www.wort.lu