L’Office des Funérailles du regretté feu le Métropolite émérite Panteleimon de Belgique
Le vendredi, 27 janvier 2023, l’Office des Funérailles du regretté feu le Métropolite émérite Panteleimon de Belgique a été célébré en la Sainte Église de l’Annonciation à Chios.
Son Éminence le Métropolite Athénagoras de Belgique et Exarque des Pays-Bas et du Luxembourg représentait Sa Toute-Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée, tandis l’Office fut présidé par Son Éminence le Métropolite Marc de Chios, Psara et Inoussès, représentant de Sa Béatitude l’Archevêque Ieronymos d’Athènes et de toute la Grèce, entouré de Son Excellence l’Évêque Joachim d’Apollonia et avec la participation de nombreux membres du clergé.
Le regretté feu Métropolite a été honoré par la présence des Archontes de la Sainte et Grande Église du Christ ainsi que des autorités civiles et militaires de Chios et d’un grand nombre de fidèles.
À la fin de l’office, les oraisons funèbres furent prononcées à tour de rôle par Son Éminence le Métropolite Athénagoras de Belgique, Son Éminence le Métropolite Marc de Chios et le Premier Vicaire Épiscopal de l’Archevêché de Belgique, le Protopresbytre du Trône Œcuménique Stavros Triantafyllou.
S’ensuivit l’inhumation dans le tombeau familial de la famille Kontoyiannis au village de Vassilioniko de Chios.
Oraison funèbre de Son Éminence le Métropolite Athénagoras de Belgique, représentant de Sa Toute Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée, lors de l’Office d’enterrement de feu l’ancien Métropolite Panteleimon de Belgique
Chios – 27 janvier 2023
«Heureux l’homme qui endure l’épreuve, parce que, une fois testé, il recevra la couronne de la vie, promise à ceux qui L’aiment» ( Épître de Jacques, 1, 12)
Éminence Métropolite Marc de Chios
Respectables Hiérarques,
Respectables Pères,
Honorables Archontes de la Sainte et Grande Église du Christ,
Honorables représentants des autorités civiles et militaires,
Membres de la famille du défunt Hiérarque,
Mes chers frères,
Un dur devoir nous a rassemblé aujourd’hui ici, en l’église de l’Annonciation. Le très respectable feu le Métropolite Panteleimon, collaborateur de notre Archevêché de Belgique pendant de longues années, a remis son âme au Seigneur.
Infatigable ouvrier de la Vigne du Seigneur, toujours aux côtés de nos chrétiens en détresse, volontaire à s’empresser là où son devoir pastoral l’appelait! Avec un grand amour et un entier dévouement pour l’Église Mère, notre Vénérable Patriarcat Œcuménique, avec une obéissance exemplaire, humilité, une parfaite abnégation, il a œuvré ayant toujours comme objectif le bien de l’Église, l’intérêt de l‘âme de nos chrétiens et le soulagement du prochain en souffrance.
Licencié de l’Institut de Théologie de Chalkis, et fier devant Dieu pour y avoir étudié, il fut un des derniers «Chalkites», racontant souvent et avec nostalgie des faits de sa période d’étudiant.
Nicolas Kontogiannis dans le civil, vint au monde en 1935 dans une famille bénie de deux enfants. Ses parents l’élevèrent avec énormément de tendresse et d’amour. Son cycle secondaire terminé ici sur l’île de Chios, feu le Métropolite de l’époque Panteleimon Phostinis l’envoya – avec un autre habitant de l’île, Maximos Agiorgoussis qui deviendra plus tard Métropolite de Pittsburg – à Constantinople entreprendre des études à l’Institut de Théologie de Chalkis. Un an plus tard, il était ordonné diacre sous le prénom de Pantéléimon par le Recteur de l’Institut, le Métropolite d’heureuse mémoire Jacques d’Iconios. Et ses études achevées, il recevait l’ordination presbytérale par le même Métropolite, au sein de nouveau de l’Institut de Chalkis.
Après l’émigration de milliers de grecs en Belgique, partis travailler dans les charbonnages, feu le Patriarche Œcuménique Athénagoras l’envoya dans cette région d’Europe avec trois autres hiéromoines afin d’aider pastoralement les nouveaux arrivants grecs. A cet époque, il n’y avait qu’un seul prêtre grec dans tout le Benelux, l’Archimandrite Emilianos Timiadis (plus tard Métropolite de Sylivrie), qui desservait les deux paroisses helléniques existantes, Anvers et Bruxelles. Ce qu’il reçut des mains d’Emilianos Timiadis, ce ne furent que deux petites valises: l’une contenant des vêtements liturgiques et l’autre des objets sacrés pour la Divine Liturgie. Il ne disposait pas de bâtiment de l’Église et habitait au début dans la maison du responsable catholique de la ville de Mons. C’est de cette manière qu’il devait débuter son long parcours en tant que prêtre en Belgique. A cette époque, tous les grecs orthodoxes qui vivaient en Europe Occidentale appartenaient à l’Archevêché de Thyatire dont le siège se trouvait à Londres. Le Métropolite de Thyatire était alors Athénagoras Kavvadas.
Plus tard, au cours de l’année 1963, lorsque l’Archevêché de Thyatire fut séparé en quatre Archevêchés et que la Belgique fut rattachée à l’Archevêché de France, le Métropolite de l’époque Meletios de France nomma l’Archimandrite Panteleimon, Vicaire épiscopal de Belgique et du Luxembourg. Et lorsque l’Église Mère de Constantinople créa, en 1969, l’Archevêché de Belgique et Exarchat des Pays-Bas et du Luxembourg, choisissant comme premier Métropolite Emilianos Zacharopoulos, l’Archimandrite Panteleimon fut nommé Vicaire épiscopal général du nouvel Archevêché. Ensuite, au cours de l’année 1974, le défunt de bienheureuse mémoire fut élu, par le Saint et Sacré Synode du Patriarcat Œcuménique, Évêque auxiliaire du Métropolite Emilianos, avec le titre de l’ancien archevêché d‘Apollonia. Son ordination épiscopale eut lieu le 18 août 1974 en la Cathédrale orthodoxe des Saints Archanges de Bruxelles. L’ordination fut actée par le Métropolite Emilianos de Belgique entouré du Métropolite Paul de Suède et de l’Évêque Jérémie de Sassime (aujourd’hui Métropolite d’Ancyre). Après l’élection du Métropolite Emilianos en tant que Métropolite de l’île de Kos, le défunt d’éternelle mémoire fut élu finalement Métropolite de Belgique, le 22 décembre 1982. Il fut intronisé par le Métropolite Meletios de France en 1983 dans la même église de Belgique.
Pendant 31 ans, le Métropolite Panteleimon fut sans interruption à la tête de l’Église Orthodoxe des trois pays du Benelux. Assurément, sa plus grande réussite fut la reconnaissance officielle de l’Église Orthodoxe par l’État belge, et ensuite au Grand Duché de Luxembourg, avec le statut identique des autres Églises et Confessions chrétiennes reconnues, ainsi que des religions Judaïque et Musulmane. De plus, un arrêté royal de 1988 établissait qu’en Belgique «le Métropolite-Archevêque du Patriarcat Œcuménique de Constantinople représente l’ensemble de l’Église Orthodoxe». Le Métropolite Panteleimon tenta également d’établir une plus grande collaboration entre tous les Chrétiens Orthodoxes de son Archevêché, les invitant chaque année à une Divine Liturgie commune au cours du Dimanche de l’Orthodoxie. La reconnaissance officielle du culte orthodoxe fut bénéfique en de nombreux domaines, mais imposait, comme de naturel, de nombreux soucis et énormément de stress. Les prêtres étaient rémunérés par l’État belge, ce qui permit l’augmentation des membres du clergé orthodoxe dans le pays. En septembre 1989, débuta l’enseignement du cours de religion orthodoxe d’abord dans les écoles de la Communauté néerlandophone, et puis, plus tard, dans la région francophone de Belgique.
Le Métropolite Panteleimon s’intéressait sans cesse aux milliers de Grecs qui vivaient et travaillaient dans les trois pays du Benelux. Déjà jeune prêtre, il endossait le rôle d’assistant social et les aidait à trouver des solutions devant leurs divers problèmes. Sous son instigation et avec sa bénédiction, de nombreuses paroisses furent créées, et même un petit monastère féminin. Il fit en sorte que des bâtiments soient achetés pour l’utilisation des besoins de l’Église. Il suffit de penser à la Cathédrale Orthodoxe et les bâtiments adjacents au cœur de Bruxelles, ainsi que la Cathédrale Orthodoxe de St Nicolas au Luxembourg construite grâce à ses soins et par la suite à l’étroite collaboration entre les prêtres, les Archontes gradés et les fidèles. A chaque situation, son œuvre fut grandiose et importante. Ce fut également lui qui démarra l’organisation d’une grande rencontre de Grecs dans un parc, le Lundi de la Pentecôte catholique chaque année, et ce depuis 1959. Cette rencontre devait plus tard évoluer en une réunion de plusieurs dizaines de milliers de personnes, et démarrait toujours avec la Divine Liturgie. Ce fut et cela continue à être une journée de nostalgie pour la patrie, la Grèce. D’ailleurs, chaque année il venait avec cette même nostalgie ici à Chios pour des vacances d’été auprès de ses parents et de la famille de son frère. Rappelons aussi la mémoire d’un autre clerc originaire de Chios qui avait étudié à Chalkis, le regretté Protopresbytre Ioakim Limnioudis, décédé récemment.
Le regretté Métropolite Panteleimon se distinguait aussi pour son inébranlable fidélité au Trône Œcuménique. Pour chaque pan de l’Église et de la vie spirituelle, sa référence était le modèle du Patriarcat Œcuménique, en tant que gardien de la Tradition Byzantine. Il nourrissait un respect incommensurable envers la personne de notre Patriarche Œcuménique Bartholomée, que j’ai le grand honneur de représenter aujourd’hui ici. Je sais également combien notre Patriarche exaltait la grande œuvre accomplie par le Métropolite Panteleimon. D’ailleurs, ils se connaissaient depuis l’époque de leurs études à Chalkis et se vouaient un grand respect l’un l’autre. Sa Toute-Sainteté disait souvent qu’il avait été un exemple pour de nombreux autres hiérarques.
Et moi-même personnellement, je dois beaucoup à la grande figure du Métropolite Panteleimon. Il m’a offert de nombreuses occasions, d’abord en m’enrôlant dans le clergé de notre Archevêché, mais aussi en me soutenant spirituellement et en m’aidant afin d’accomplir correctement le travail que lui et l’Église m’avait confié. J’ai des sentiments infinis de reconnaissance pour lui pour tout ce qu’il a accompli, en tant que personnalité, mais aussi pour ce qu’il a représenté pour moi et pour tous les chrétiens orthodoxes du Benelux.
Il est vrai qu’il était très aimé et jouissait d’une grande estime de la majeure partie des paroissiens. Il savait converser avec de grandes personnalités, mais aussi avec les plus humbles d’entre nous. Il montrait un grand intérêt pour la qualité de vie de chacun, souffrait avec ceux qui souffraient et se réjouissait avec ceux qui étaient heureux. Le Métropolite Pantéleimon était un homme de profonde foi et piété. Cela, il le reçut de sa famille, de ses parents qui surent l’élever dans ce sens. Cette foi et cette piété furent des qualités indispensables pour qu’il puisse accomplir tout ce dont il fut appelé à réaliser. Parfois il s’exaspérait de toutes ses obligations administratives et il me disait: «je ne suis pas devenu prêtre pour être du matin au soir dans un bureau»! Il aimait beaucoup les Offices et surtout lorsqu’ils étaient célébrés à la Cathédrale! Il aimait également se mettre devant le lutrin pour chanter les hymnes ecclésiastiques.
Le 26 novembre 2013, le Métropolite Panteleimon démissionna de son poste de Métropolite de Belgique, s’installant dès cet instant sur son île natale. Ce fut extrêmement difficile pour lui de quitter la Belgique qu’il avait tant aimée et où il avait consacré toute sa diaconie en tant que prêtre. Il vécut les 2/3 de sa vie en Belgique, devenue pour lui sa deuxième patrie. Cependant, en revenant sur l’île, il reçut les meilleurs soins et la meilleure attention possible. Il fut pris en charge par son frère Antoine, sa belle-sœur Victoria, leurs enfants et leurs petits-enfants. Ils l’ont accueilli chez eux et en ont pris soin avec un immense amour et tendresse. Je peux en témoigner moi-même personnellement! Ces 9 dernières années, entouré des membres de sa famille, il est devenu de nouveau un membre à part entière de leur vie familiale. En notre nom à tous, et surtout de la part de Sa Toute-Sainteté le Patriarche Œcuménique, en celui de l’Archevêché de Belgique et de moi-même personnellement, je souhaite leur exprimer de chaleureux remerciements pour ce qu’ils ont fait et je souhaite que le Seigneur Dieu puisse leur rendre les bienfaits accomplis envers le Métropolite de bienheureuse mémoire. Je remercie chaleureusement également Son Éminence le Métropolite Marc de Chios et les membres de son clergé pour la gentillesse et l’amour qu’ils lui ont témoigné.
De la part de Sa Toute-Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée, j’exprime mes sincères condoléances aux parents du Métropolite de bienheureuse mémoire! Je vous prie également de recevoir les condoléances de Son Excellence l’Évêque Joachim d’Apollonia, des membres du Clergé et des fidèles de notre Archevêché ainsi que de mon humble personne! Je souhaite des tréfonds de mon cœur que son âme pleine d’amour et de noblesse puisse jouir et se reposer au sein de la lumière abondante du Seigneur!
Que sa mémoire soit éternelle!
Inoubliable Métropolite Panteleimon,
Tu t’es identifié à l’Église du Christ. Tu l’as excellemment servie. «J’ai combattu le beau combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi» (2 Tim. 4, 7). Vous avez «gardé le bon dépôt» (2 Tim. 1, 14) que Dieu t’as confié et tu es devenu «fidèle jusqu’à la mort» (Ap. 2, 10). Tu te trouves maintenant dans l’éternité, près du juste Juge. Tu es donc parcouru la bienheureuse voie de l’homme bon! Tu accompagnes les prières de l’Église, et de nous tous, et en particulier des fidèles qui furent ton troupeau. L’Église Mère prie que le Seigneur Dieu, détenteur de la vie et maître de la mort, accueille ton âme en lieu des vivants et sous les parvis des justes, t’accordant la couronne de la vie!
Éternelle soit ta mémoire, inoubliable hiérarque!
Éternelle soit ta mémoire, Métropolite Panteleimon!
Éternelle mémoire!