In memoriam : Archiprêtre Aurel Popescu (1952-2021)
Le Père Aurel est parti célébrer dans les cieux
La nouvelle inattendue du départ vers les cieux du père Aurel Popescu, ancien conseiller financier de l’Archevêché de Timisoara, nous a profondément attristé.
Nous tous qui lui étions proches, nous n’avons jamais imaginé que l’homme fort, sportif, plein d’énergie cachait à l’intérieur de son corps imposant, un invisible ennemi, qui l’a dévoré de l’intérieur et a provoqué la fin de sa vie terrestre. D’autant plus que notre frère Aurel a porté son amère souffrance qui l’affligeait avec dignité et discrétion comme seul un homme de foi et un célébrant et servant de Dieu peut le faire!
Né le 28 août 1952 à Lipova, province d’Arad, il a grandi dans le village de Bruznic. Il a étudié la théologie, pendant les temps difficiles de la persécution de l’Eglise par les autorités communistes en Roumanie, au Séminaire de Caransebes et à la Faculté de Théologie de Sibiu entre 1967 et 1976.
Après avoir obtenu son diplôme et défendu sa thèse en Droit Canon « La législation de l’Eglise Orthodoxe roumaine pendant les 50 dernières années » (1er juillet 1976), il s’est marié avec Doina Cretu le 14 juillet 1976 et a été ordonné diacre (le 28 août 1976) et prêtre (le 29 août 1976) par l’Evêque Visarion Astileanu d’Arad pour la paroisse de Conop – province d’Arad.
Ayant démontré des qualités dans le domaine de la pastorale et de l’administration, le père Aurel Popescu est devenu entre 1977 et 1990 secrétaire du doyenné de Lipova et prêtre célébrant de la paroisse de la «Dormition de la Mère de Dieu» de Lipova, une église monument historique, ancienne cathédrale et siège épiscopal.
Pendant la Revolution roumaine, animé par son amour pour la justice et la vérité, il a accompagné les manifestants sortis dans les rues de Lipova pour soutenir la révolution commencée à Timisoara. Il les a encouragé à manifester sans violence et a persuadé les forces de police et de l’armée de ne pas ouvrir le feu contre les manifestants en leurs proposant de s’agenouiller et de prier ensemble pour les victimes innocentes de Timisoara. Il a été élu et proclamé par les manifestants un des deux responsables de la ville de Lipova le 22 décembre 1989, avant la fuite du dictateur et la chute du régime communiste. Après neuf jours le 29 décembre 1989, il a décidé de retourner à ses fonctions pastorales en remerciant ceux qui l’ont acclamé et propulsé dans la vie politique et remettant son mandat à un de ses proches collaborateurs – le professeur Bleahu. Ses mérites ont été reconnu par le Secrétariat d’Etat pour les problèmes des révolutionnaires de décembre 1989, sous le titre de participant actif avec un rôle déterminant dans la révolution roumaine.
Entre 1990-1996, il a été recteur de la paroisse «Saints Apôtre Pierre et Paul» de Solca de l’Archevêché de Suceava et, grâce à ses mérites dans son travail pastoral, il a été élevé au rang d’Archiprêtre le 19 novembre 1991 par l’Archevêque Pimen Zainea.
La nostalgie de sa terre natale l’a poussé à demander et à recevoir la bénédiction du Métropolite Nicolae Corneanu pour être incorporé à l’Archevêché de Banat et devenir prêtre missionnaire à l’hôpital «Victor Babes» de Timisoara ; célébrant avec dévotion et accompagnant les malades et le personnel médical avec dévouement entre 1996 et 1999.
Le Métropolite Nicolae Corneanu appréciant les qualités du père Aurel Popescu en administration ecclésiastique lui a confié la difficile responsabilité et fonction de conseiller économique de l’Archevêché de Timisoara et desservant de la Cathédrale entre 1999 et 2009. Au cours de ce mandat, le père Aurel a dû assumer des fonctions d’une grande responsabilité: la restauration du toit avec le renouvellement des tuiles en céramique de la Cathédrale de Timisoara. La Cathédrale est une des plus grandes et imposantes cathédrales de la Roumanie (1.542 m2 avec un volume de 5.0000 m3) et sans doute la plus connue à l’étranger grâce au commencement de la révolution roumaine de 1989 à Timisoara. L’église a été construite sur les plans de l’architecte Ion Traianescu entre 1936 et 1941, dans le style moldave et byzantin avec un capacité d’accueillir 5.000 personnes et 9 tours dont la plus haute arrive à 83,7 mètres et inaugurée le 6 octobre 1946 par le patriarche Nicodim Munteanu, en présence du Roi Michel Ier de Roumanie et de tous les hiérarques de la Métropole de Transylvanie.
Le père Aurel Popescu a également restauré la peinture de cet imposant édifice réalisé par Anastase Demian ainsi qu’il a redoré et restauré l’iconostase de la Cathédrale (environ 1.050 m2 de sculpture en bois dorée).
L’amour pour la famille de son fils, le père Ciprian Popescu, l’ont décidé à partir loin de sa terre natale et à ouvrir en Belgique un nouveau chapitre de sa vie et de sa mission pastorale. Entre 2009 et 2017, il fut le recteur de la paroisse orthodoxe «Sainte Nino» à Eupen – la seule paroisse orthodoxe germanophone de Belgique. Ici, il a oeuvré de concert avec l’ancien Métropolite de Belgique Panteleimon ainsi qu’avec le Métropolite actuel Athénagoras pour la reconnaissance de la paroisse par les autorités belges régionales, provinciales et fédérales ainsi que la transformation de l’église historique Saint Lambert dans un espace de culte conforme à la tradition orthodoxe et réalisant un iconostase traditionnel en bois de tilleul.
En 2017 après son départ à la retraite, il a reçu la bénédiction du Métropolite Ioan de Banat de concélébrer dans l’église de la «Nativité de la Mère de Dieu» en la paroisse de Iosefin, une église qui se trouve à proximité de son domicile.
Les prêtres et les fidèles de la paroisse Timisoara Iosefin l’ont accueilli avec amour fraternel et grande joie et le père Aurel s’est senti apprécié, valorisé et respecté.
A la fin de ces quelques lignes, nous avons le devoir de rappeler que le père Aurel Popescu fait partie des jeunes plein de courage et de foi, attachés aux valeurs de l’Eglise Orthodoxe, qui pendant les années difficiles du régime communiste-athée, ont décidé de devenir prêtres et serviteurs de Dieu et des hommes, bénéficiant du soutien inconditionnel de leurs parents et de leurs proches.
La maladie incurable qu’il a porté pendant la dernière année a vaincu le corps mais son âme de prêtre a été réconforté et renforcé à travers la souffrance par la prière et les vertus de la foi, de l’espérance et de l’amour.
Il laisse derrière lui une belle famille d’un prêtre, béni avec de merveilleux petits enfants qui ont embelli sa vie, ainsi que toutes ses réalisations pastorales qui ont couronné son sacerdoce et tous ses efforts et sacrifices portés pendants des dizaines d’années sur l’autel de notre sainte Eglise.
Que le Seigneur ajoute son âme au nombre des prêtres justes qui aiment le Christ, et qu’Il verse le baume du réconfort dans l’âme de la presbytera Doina, de son fils, le père Ciprian et de sa presbytera Ana-Camelia ainsi que de ses trois petits-fils Nicolae, Ioan-Aurel et Paul-David !
Depuis Timisoara, «la ville des fleurs», nous qui l’avons aimé et apprécié envoyons une larme et une fleur d’un éternel souvenir à poser devant la croix qui veillera son tombeau jusqu’à la Résurrection.
Archiprêtre dr. Ionel Popescu
Premier Vicaire Episcopal de l’Archevêché de Timisoara