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Actualité

Message patriarcal à l’occasion de Noël

No de protocole 773

Message patriarcal
diffusé à l’occasion de Noël*

BARTHOLOMAIOS
PAR LA GRÂCE DE DIEU ARCHEVÊQUE DE CONSTANTINOPLE-
NOUVELLE ROME, ET PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE,
À TOUT LE PLÉRÔME DE L’ÉGLISE
GRÂCE, MISÉRICORDE ET PAIX DU CHRIST SAUVEUR NÉ À BETHLÉEM
* * *

Frères concélébrant et enfants bénis,

Étant encore une fois parvenus à la fête radieuse de la Nativité dans la chair de notre Seigneur Jésus qui nous visita d’en haut, nous rendons gloire en chantant des hymnes et des psaumes à Son nom au-dessus du ciel. L’incarnation du Verbe éternel de Dieu est « l’essence de notre salut », le « mystère perpétuel » de la communion divino-humaine qui dépasse notre entendement. Comme saint Maxime de Confesseur le dit merveilleusement, Dieu « en ami des hommes, de la substance humaine étant véritablement devenu homme, ne manifestant à jamais façon dont il l’est, car il est devenu homme au-delá de la condition humaine »[1].

L’incarnation divine, hormis de révéler la vérité sur Dieu, révèle aussi la vérité sur l’être humain et la destination finale de celui-ci : la divinisation par grâce. De manière éminemment théologique, saint Nicolas Cabasilas déclare : « le premier et seul qui montra l’homme véritable et parfait, dans son comportement, dans sa vie et dans tout le reste, c’est le Sauveur »[2]. Depuis, celui qui honore Dieu doit respecter aussi l’humain, alors que celui qui méprise l’humain se montre irrévérencieux envers Dieu qui assuma notre nature. En Christ, la parole de la théologie sur Dieu est en même temps parole sur l’être humain. L’économie de Dieu manifestée dans Son incarnation réfute définitivement l’image de Dieu agissant en despote, châtiant l’homme dont il serait l’adversaire. Christ est partout, toujours et en tout la négation de la négation de l’être humain et le défenseur de la liberté de celui-ci. La vie de l’Église, en tant que chair assumée par le Fils et Verbe de Dieu incarné[3], représente, exprime et sert ce mystère tout-salvateur de la divino-humanité.

Ayant pour bannière la renaissance salutaire, « le nouveau façonnement » en Christ de l’homme et le renouveau de la création tout entière, l’Église porte encore aujourd’hui son bon témoignage sur toutes les évolutions qui menacent le caractère sacré de la personne humaine et l’intégrité de la création, vivant et prêchant la vérité sur la véritable vie spirituelle et sur la culture de l’amour et de la solidarité. Justifiant l’« espérance qui est en nous »[4], elle ne considère nullement la civilisation contemporaine comme une nouvelle Ninive vivant dans le péché, invoquant sur elle la colère divine et sa perdition, à l’instar de Jonas, mais elle lutte pour que celle-ci soit transfigurée en Christ. Ce qu’il faut à notre époque, c’est faire preuve d’imagination pastorale, préférer le dialogue à la contradiction, la participation à l’abstention, une action concrète à une théorie abstraite. Tout cela n’agit pas aux dépens de la spiritualité et de la vie cultuelle, mais relève l’unité infrangible entre la dimension « verticale » et la dimension « horizontale » de la présence et du témoignage de l’Église. Rester fidèle à la tradition de l’Église ne signifie pas se cloîtrer dans le passé, mais tirer profit dans le présent de l’expérience du passé.

Durant cette année, la pandémie de la Covid-19 tortura l’humanité. Nous rendons gloire au Dieu de la miséricorde qui fortifia les chercheurs dans leur effort pour développer des vaccins efficaces et d’autres médicaments, afin d᾿ affronterla crise ; et nous lançons un appel aux fidèles qui ne se sont pas fait encore vacciner de le faire, et à tous de suivre les mesures de protection proposées par les autorités sanitaires. Du moment qu’elle opère pour servir l’être humain, la science est un don précieux de Dieu. Nous devons accepter ce don avec gratitude et ne pas nous laisser égarer par les voix irresponsables des gens incompétents  et des « conseillers spirituels » autoproclamés des représentants de Dieu et de la vraie foi, qui pourtant se réfutent eux-mêmes lamentablement, à cause de l’absence d’amour envers le frère dont ils mettent la vie en grand péril.

Vénérables frères et enfants bien-aimés,

Ayant la foi inébranlable que c’est le Dieu de la sagesse et de l’amour qui dirige la vie de chacun de nous et la marche de l’humanité, nous espérons une bonne année 2022 qui, indépendamment des données extérieures et des évolutions, sera pour nous tous une année de salut, puisque durant celle-ci aussi c’est le Christ qui dirige le cours des choses en ami de l’homme, le Christ « qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité »[5].

Si le Seigneur le veut, l’an prochain, durant la Semaine sainte, la consécration du saint chrême aura lieu dans notre centre sacré. Nous considérοns comme un don divin irremplaçable envers notre humble personne d’avoir été rendu digne de présider, pour la quatrième fois au cours de notre humble patriarcat, ce rituel solennel et contemplatif. Gloire à Dieu pour toutes choses !

Animés par de tels sentiments, nous prosternant avec respect devant l’enfant Jésus né à Bethléem, nos pensées sont avec nos frères chrétiens de Terre sainte et nous prions pour la coexistence pacifique et harmonieuse de tous les habitants de cette région.

C’est dans cet esprit que nous vous souhaitons toutes les bénédictions durant ces douze jours de la Nativité, en bonne santé et accomplissant les œuvres qui plaisent à Dieu au cours de cette nouvelle année. À qui est la gloire, pour les siècles des siècles. Amen.

Noël 2021

† Bartholomaios de Constantinople
fervent intercesseur de vous tous en Dieu

 

* Que ce Message soit lu en l’église au cours de la divine liturgie de la fête de Noël, après la lecture du saint Évangile.

 

 

[1]   Maxime le Confesseur, Divers chapitres théologiques et économiques sur la vertu et le vice, première centaine, XII, PG 90, 1184.

[2]   Nicolas Cabasilas, La vie en Christ VI, 22, PG 150, 680-81, SC 161, 64, p. 123.

[3]   Cf. Jean Chrysostome, Homélie avant saint Jean Chrysostome partit en exil, PG 52, 429.

[4]   Cf. I P 3, 15.

[5]   I Tm 2, 4.