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Actualité

Lettre Pastorale de Son Eminence le Métropolite Athénagoras de Belgique, Exarque des Pays-Bas et Luxembourg, adressée à son clergé

Excellence Evêque Joachim,
Révérends pères,

Le Christ est ressuscité!

C’est dans la joie de la Résurrection que je m’adresse à vous, mes chers pères! L’expérience de la Résurrection du Christ est au centre de notre vie. La vie des fidèles orthodoxes, notre vie est imprégnée et nourrie de la foi en la Résurrection, qui constitue une Pâque quotidienne. Cette expérience pascale n’est pas que le souvenir de la Résurrection du Seigneur, mais surtout le vécu de notre propre renouveau et la certitude inébranlable de l’accomplissement eschatologique de tout.

Pour vivre la Pâque il nous faut l’acceptation concrète de la croix comme instrument du salut, l’acceptation de la Croix du Christ, et de la nôtre unie à la sienne. Quand nous lisons l’Evangile, nous voyons combien il a été difficile pour le Seigneur de faire accepter par ses Apôtres cette nécessité de la Croix. Il en va de même pour nous. Il ne suffit pas de croire, d’une façon théorique, que le Christ a réalisé son œuvre de salut par la Croix. Il faut encore que nous comprenions d’une façon réelle, concrète, avec le regard de notre cœur illuminé par l’Esprit Saint, que, pour chacun de nous, la croix, la souffrance acceptée, est l’unique chemin vers la Résurrection, que la Croix elle-même renferme la puissance de la Résurrection.

Et nous voici encore en cette période de lutte commune. Oui, nous traversons une crise sans précédent. Une crise qui affecte toute l’humanité et ne peut être combattue du jour au lendemain. Une crise qui touche de nombreux aspects de la société: bien-être, vie sociale, économie et surtout vie religieuse (liturgique).

Nous partageons le souci du Gouvernement de limiter au maximum la circulation de l’épidémie. La dimension spirituelle et religieuse de l’être humain contribue, nous en sommes persuadés, à la paix des cœurs, à la force dans l’épreuve, à la fraternité entre les personnes, à toute la vie sociale et surtout à la manifestation par excellence de la relation divino-humaine. La liberté de culte est un élément constitutif de la vie démocratique. C’est pourquoi tous les cultes reconnus de Belgique ont demandé un rendez-vous avec le ministre compétent, le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Justice Koen Geens. Cette rencontre a eu lieu lundi dernier, le 4 mai 2020. Nous avons pu nous entretenir avec lui dans un climat très ouvert et d’entière franchise. Le ministre est prêt à soutenir notre cause, mais nous dit dans un même souffle, que ce n’est pas lui qui a le droit de prendre la décision de la reprise effective du culte. Cette demande devra suivre une certaine procédure.

Je sais combien notre clergé et nos croyants veulent reprendre la prière communautaire. Soyez assuré qu’en tant que votre berger, je suis le premier à vouloir la reprise du fonctionnement de nos paroisses! En tant que chrétiens orthodoxes, tout comme les fidèles des autres confessions et religions, nous avons respecté et respecterons les consignes du Gouvernement. Bien que nous soyons dans des circonstances difficiles pour annuler nos événements bénis qui nous rassemblent physiquement, nous devons redoubler d’efforts pour être unis spirituellement dans nos prières. Pour cela et en attendant la reprise des cultes, j’encourage nos clercs de continuer à proposer les moyens nécessaires à la vie de foi de nos fidèles.

Maintenant, nous devons nous préparer à cette reprise des cultes et cela veut dire que nous devrons être prêts à répondre à une série de requis (‘vademecum’) pour la sécurité de la santé publique. Les chefs des cultes ont déjà préparé un premier brouillon d’une liste, que vous trouverez ci-joint, de manière à avoir une idée à quoi nous devrons être prêts.

Lors de cette rencontre avec le Ministre de la Justice, celui-ci nous a dit que dans un premier temps (à partir d’aujourd’hui) les églises pourraient être ouverte pour un moment de prière en silence. Pour cela, nous devons déjà respecter ce qui est clairement indiqué dans ce ‘vademecum’. Ce sera pour nous tous un premier test, un exercice. Mais soyons clairs, il ne s’agit pas d’un culte, mais d’un bref temps de prière individuelle.

Je crains que tous ne puissent comprendre combien il est difficile à un évêque de dire à ces prêtres de ne pas célébrer la Sainte Eucharistie, qui est au centre de notre vie, au centre de notre être chrétien, et sans quoi nous nous sentons privés de l’essentiel: la communion intime avec notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ!

Sachez que je suis le premier à en souffrir! Mais j’ai du prendre les responsabilités que l’Eglise m’a confiées. De vous conduire en toute sécurité sur le chemin du Christ. Et oui, il nous faut aussi la nourriture céleste! Il n’y a pas de doute. C’est ce que nous croyons, ce que nous vivons, ce que nous proclamons! Mais l’Eglise Mère, le Patriarcat Œcuménique, nous a exhorté de respecter les mesures de sécurité prises par les gouvernements respectifs et c’est exactement ce que nous faisons pour le bien-être de tous.

J’étais très touché quand j’ai lu ce qu’un hiérarque orthodoxe a dit en se tournant vers son troupeau, en réponse aux voix d’opposition: “Je préfère que vous me condamniez maintenant pour ma demande de renoncer à votre vie ecclésiastique habituelle plutôt que de me maudire plus tard sur les cercueils de vos proches, qui seront portés dans nos rues comme le fruit de la désobéissance à ceux revêtus d’une autorité civile et ecclésiastique”.

Ayons encore un peu de patience et je suis sûr qu’avec les prières de notre Toute Sainte Mère de Dieu, notre Père Zosimas et la Sainte Mère Marie l’égyptienne nous allons surmonter cette dernière étape difficile dans cette crise, sachant que Dieu nous fortifiera dans l’espérance et l’amour, dans la foi et le courage!

Avec toute mon affection paternelle dans notre Seigneur Ressuscité!
A Bruxelles, en l’Archevêché, le 7 mai 2020
† le Métropolite Athénagoras de Belgique